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Le numérique : vraiment plus vert ?

25 juillet 2024

 Depuis un certain temps, le papier est souvent décrit comme l’ennemi de l’environnement, accusé de déforestation, de gaspillage et de pollution. Réduire la consommation de papier est évidemment une nécessité indéniable pour préserver nos ressources naturelles. Cependant, le passage au tout numérique, souvent présenté comme une solution écologique, cache également de nombreuses conséquences, loin d’être vertes. Examinons de plus près les différents aspects de cette transition numérique.

L’empreinte carbone des infrastructures numériques

Les centres de données, les réseaux et les serveurs sont au cœur de l’ère numérique. Leur fonctionnement nécessite une quantité colossale d’énergie, souvent issue de sources non renouvelables. En 2020, les centres de données (datacenters) étaient responsables de près de 1 % de la consommation mondiale d’électricité, et cette proportion ne cesse d’augmenter.

Par exemple, les centres de données basés en Irlande, pôle d’attraction européen de ces installations très énergivores, consomment désormais plus d’un cinquième de l’électricité du pays, dépassant celle utilisée par l’ensemble des maisons en ville. D’après l’agence nationale irlandaise des statistiques, les centres de données ont utilisé 21 % du total de la consommation électrique mesurée en 2023 dans le pays, contre 5 % en 2015 et 18 % en 2022.

Les infrastructures numériques ont donc une empreinte carbone significative qu’il est important de prendre en considération.

Essor de l’IA : nouvelle source énergivore en électricité

L’intelligence artificielle (IA) est une des technologies les plus énergivores de l’ère numérique. L’entraînement des modèles d’IA, notamment les réseaux de neurones profonds, nécessite des calculs intensifs sur de longues périodes, entraînant une consommation d’énergie massive. Par exemple, l’entraînement d’un seul modèle de langage peut générer autant de CO2 que cinq voitures sur toute leur durée de vie.

Lorsqu’il s’agit de comparer la consommation d’énergie entre les requêtes Google et les requêtes d’IA (Chat GPT, Gemini), les différences sont significatives et méritent d’être soulignées. Une requête Google typique consomme environ 0,3 Wh (watt-heure) d’énergie. En revanche, les requêtes adressées à des modèles d’IA comme ChatGPT peuvent consommer entre 10 et 100 fois plus, selon la complexité de la tâche.

Considéré aujourd’hui comme un élément majeur du numérique moderne, l’IA représente une technologie particulièrement énergivore en énergie, nécessitant des ressources informatiques massives pour le traitement et l’entraînement de ses modèles complexes.

Industrie papier : mythes et réalités

Oui, l’industrie du papier peut effectivement présenter des problèmes environnementaux (déforestation, consommation d’eau, utilisation de produits chimiques…). Ces impacts varient bien évidemment en fonction des pratiques de gestion et de production. En revanche, tout n’est pas noir dans la production et l’utilisation du papier. Voyons ensemble les mythes associés à cette industrie et la réalité :

  • La déforestation est exclusivement causée par la production de papier.

Bien que la production de papier puisse contribuer à la déforestation, de nombreux producteurs utilisent du papier issu de forêts gérées de manière durable. La déforestation est souvent causée par l’agriculture, l’exploitation minière et d’autres activités humaines, et non uniquement par la fabrication de papier.

  • La consommation de papier est toujours synonyme de gaspillage.

Réalité : La consommation de papier peut être optimisée grâce à des pratiques telles que l’impression recto-verso, l’utilisation de papier recyclé et la réduction du gaspillage. De nombreuses entreprises adoptent des politiques pour minimiser la consommation et promouvoir des pratiques de gestion plus durables.

  • La consommation de papier est incompatible avec les objectifs de développement durable.

Réalité : La consommation responsable de papier peut s’aligner avec les objectifs de développement durable. L’important est de choisir du papier recyclé ou certifié durable, de promouvoir le recyclage et de réduire le gaspillage. De nombreuses entreprises adoptent des pratiques pour minimiser leur impact environnemental tout en utilisant du papier de manière consciente.

  • Le numérique constitue l’alternative durable au papier

Le mythe selon lequel le papier pollue plus que le numérique ignore l’impact environnemental des technologies numériques, qui inclut la consommation d’énergie des serveurs et la production de matériel électronique. Le papier peut être recyclé et produit de manière durable, tandis que les équipements numériques ont une empreinte carbone élevée et nécessitent des ressources rares. Une comparaison complète doit considérer l’ensemble du cycle de vie de chaque option.

 

Conclusion 

Alors que la transition vers le numérique est souvent perçue comme une solution écologique, elle entraîne des défis importants, notamment une consommation énergétique élevée pour les infrastructures et une empreinte carbone significative, particulièrement avec l’essor de technologies comme l’intelligence artificielle. D’un autre côté, bien que l’industrie du papier présente des problèmes environnementaux tels que la déforestation et la consommation d’eau, des pratiques de gestion durable et des innovations en matière de recyclage permettent de réduire ces impacts.

Ainsi, chaque choix — qu’il s’agisse du papier ou du numérique — a ses propres avantages et inconvénients. La véritable durabilité ne réside pas seulement dans l’adoption de l’une ou l’autre de ces solutions, mais dans la manière dont nous gérons et optimisons chacun de ces domaines pour minimiser leur impact global. Une évaluation complète nécessite une considération de l’ensemble du cycle de vie et des efforts continus pour améliorer les pratiques dans les deux secteurs.

 

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